Sens de défilement


Des parcours
et des
femmes

Notre chemin est celui
des femmes que nous
accompagnons

Empow’Her est née d’une volonté de comprendre et d’explorer le lien entre le sujet d’empowerment et la démarche entrepreneuriale des femmes. En creux, il y a cette intuition que les entrepreneures dans le monde ne sont pas reconnues et valorisées comme telles.

Confronté·es à la réalité des femmes sur le terrain, nous avons d’abord construit des outils et des solutions pour répondre à leurs besoins. En plus de ces savoirs techniques, nous avons rapidement identifié l’importance des services de soutien et d’accompagnement moral. C’est pourquoi, au gré de leurs besoins, nous avons structuré nos premiers programmes d’accompagnement et soutenu des femmes engagées dans une démarche entrepreneuriale à titre individuelle ou au sein de collectifs.

En 2015, nous nous sommes structuré·es comme organisation professionnelle et nous nous sommes doté·es d’un premier modèle opérationnel, en gardant cette démarche de découverte et cette volonté d’expérimenter. Lucides sur la nécessité de ne pas faire abstraction du contexte dans lequel lces femmes évoluent, et soucieux. ses d’y intégrer des activités qui ciblent les communautés environnantes de ces dernières, nous avons commencé un travail de sensibilisation auprès de cibles mixtes, nous avons élaboré des événements

visant à faciliter l'appropriation d'espaces médiatiques par celles n'étant pas assez entendues, nous avons organisé des rencontres basées sur l'intelligence collective, nous avons produit du savoir et des études et avons créé des cadres de référence pour des partenaires. Tout en continuant à soutenir le parcours de celles que nous accompagnons, s'est formée l'idée que l'empowerment requiert un cadre d'action plus large ne se jouant pas uniquement à l'échelle individuelle.

Nous vous proposons donc dans cette première partie de parcourir le chemin entrepreneurial de ces femmes, de constater les difficultés auxquelles elles sont confrontées, et d'explorer les outils et les solutions qui existent pour les aider à franchir ces obstacles.

Garantir la sécurité
économique des femmes

Problématique

Selon un rapport Oxfam publié en 2021, les femmes ne bénéficient que de trois quarts des droits reconnus aux hommes en matière de sécurité économique. C'est-à-dire qu'elles sont moins protégées par la loi et les institutions concernant leur rémunération, leurs congés, la maternité, l'entrepreneuriat, la retraite ou leurs actifs. Cette situation vaut sur tous les continents. En Europe, les femmes gagnent 13% de moins que les hommes. En Afrique, elles sont plus nombreuses que les hommes dans le secteur informel, ont davantage de difficultés à accéder à un emploi salarié, et subissent davantage les inégalités de revenus ou d'accès à des biens fonciers et à des financements.

Le poids des traditions et les biais socioculturels enracinés dans la société patriarcale continuent également d'avoir un impact significatif sur la rémunération des femmes dans le monde. Celles-ci ne sont toujours pas considérées comme égales aux hommes, ne bénéficient pas des mêmes chances et opportunités économiques, et se voient trop souvent privées des revenus de leur labeur.

Cet accès défaillant à des revenus et/ou à des ressources productives impacte les femmes dans leur vie économique, entrave leur démarche entrepreneuriale et génère des états de fortes précarité et dépendance. Dans certains cas, l'activité économique elle-même peut accroître la précarité, dans la mesure où l'exercice d'un travail non rémunéré contribue à les maintenir dans une situation de dépendance financière. Le système économique actuel dans lequel les femmes se sont insérées avec difficulté, génère de nouvelles discriminations et contribue à perpétuer, voire à densifier, des inégalités de genre. « C'est dans la dépendance économique que toutes les autres dépendances des femmes prennent leur source » disait Gisèle Halimi en 1992.

Solution

Dans ce contexte où l'accès au marché du travail et aux revenus demeure un défi pour les femmes, l'entrepreneuriat présente un puissant levier d'émancipation. Face aux inégalités structurelles, il représente une issue aux situations de dépendances, un moyen d'être actrice de ses choix et de son parcours.

Selon l'OCDE, les femmes se lancent davantage que les hommes dans l'entrepreneuriat par «nécessité», faute d'autres options d'insertion sur le marché du travail. C'est une des raisons pour laquelle le nombre d'entrepreneures est relativement élevé dans les pays émergents où le contexte économique et social est plus défavorable. C'est pourquoi, nous leur apportons de la méthodologie et du conseil afin de structurer des activités entrepreneuriales pérennes. Afin de les extraire de cet entrepreneuriat de survie, nous construisons avec elles une voie alternative est possible. Nous sommes là pour les soutenir dans la réalisation de projets ambitieux, les aider à trouver des opportunités et à découvrir des parcours inspirants afin de générer des revenus durables et de s'intégrer dans des réseaux de soutien.

Afin de concrétiser notre engagement, nous mettons un point d'honneur à intervenir de manière ciblée auprès des femmes, en particulier dans les villes secondaires, les zones périurbaines et les régions rurales. Notre objectif est de ne pas nous limiter aux centres urbains, mais d'atteindre les femmes là où elles se trouvent, au plus près de leur réalité quotidienne.

les hommes détiennent 50% de richesses de plus que les femmes dans le monde (source Oxfam)

Le programme Égalité 2.0
en Côte d'Ivoire

Le programme Égalité 2.0 en partenariat avec Cargill et l'IFC est né du constat que la chaîne cacaoyère est à 94% gérée par des hommes alors que la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de cacao, soit une des activités économiques les plus importantes du pays. Mais la gestion des hommes ne signifie pas l'absence des femmes: ces dernières contribuent en effet en moyenne à 40% de la production. À l'instar de beaucoup d'autres secteurs, elles participent de manière informelle et ne perçoivent donc pas la juste valeur économique liée à leurs activités dans ce secteur. Elles travaillent sur des parcelles détenues par leurs maris sans pour autant être rémunérées ni que leur contribution soit socialement acceptée et reconnue.

Dans ce contexte, notre ambition est d'aider les femmes à capter et conserver leurs propres revenus. Nous renforçons leurs capacités entrepreneuriales pour qu'elles puissent créer et développer leurs propres activités, que ce soit dans le cacao ou un autre secteur. Nous accompagnons également des coopératives afin qu'elles repensent les modèles de fonctionnement qui marginalisent les femmes et les excluent de la distribution des revenus. Par ailleurs, nous déployons des solutions de mise à disposition de dotations financières ou matérielles pour répondre à leurs besoins les plus immédiats et les aider dans les premiers pas de leur activité.

Enfin, en parallèle du programme, des groupements de femmes de producteurs ont été créés afin qu'elles s'organisent autour d'autres activités agricoles qui pourraient les aider à générer des revenus et gagner ainsi en indépendance.

2 250

femmes accompagnées ont
participé aux activités de formation
sur l'ensemble des localités

des participants de la première
année ont déclaré avoir vu leurs
revenus augmenter

Projet Women's Economic Empowerment en partenariat avec PurProjet


En complément de la culture du café, nous avons accompagné Biranesh Dumo et des éthiopiennes à s'engager dans l'apiculture, afin que cette filière devienne plus inclusive et garantisse des revenus décents et pérennes aux femmes. Jusqu'ici, cette activité particulièrement lucrative était largement dominée par les hommes.

"Avant le programme Women's Economic Empowerment, j'avais une petite activité d'apicultrice. J'utilisais du matériel local sans compétences ni savoirs spécifiques. En premier lieu, le parcours d'incubation a boosté ma confiance en moi et mon leadership, ce qui m'a permis d'imaginer les choses en grand. Avec ce soutien, j'ai aussi développé un plan d'action et financier pour préparer la croissance de mon activité. La subvention va me permettre d'acquérir des ruches modernes et de mettre en pratique les nouveaux savoirs que j'ai appris. Au sein de ma communauté, je partage mes connaissances dans un groupe d'épargne, en particulier les concepts autour des stéréotypes de genre et de leadership."

Biranesh Dumo, Apicultrice

Utiliser l'entrepreneuriat pour
retrouver la confiance en soi

Problématique

À travers le monde, le travail indépendant et l'entrepreneuriat sont les formes les plus courantes d'emploi. C'est encore plus vrai dans beaucoup de pays à faible revenu où l'emploi salarié est une exception. Pourtant, d'après l'OCDE, les femmes restent sous-représentées dans l'entrepreneuriat. Leur potentiel a tendance à être "dormant", à ne pas être concrétisé. Si les données globales sur l'entrepreneuriat restent parfois difficiles à compiler, on sait qu'en Europe, les femmes créent moins d'entreprises que les hommes et s'enregistrent moins comme travailleuses indépendantes. Dans le monde, 34% des petites, moyennes et grandes entreprises comptent une femme dans leur direction. En France, seules 31% des entreprises créées chaque année le sont par des femmes alors qu'elles sont 82% à avoir envisagé de se lancer dans l'entrepreneuriat.

Outre les blocages législatifs ou réglementaires (dans de nombreux pays encore, les femmes ne peuvent pas signer de contrat), les femmes mentionnent régulièrement un sentiment d'illégitimité ou de manque de confiance. Bien souvent, ces doutes s'inscrivent dans l'expérience de discriminations et empêchent leur passage à l'action. Découragées par leur environnement social et culturel, leur vécu entrepreneurial peut s'avérer moins épanouissant, le manque de confiance peut venir impacter leur niveau d'ambitions et certaines peuvent même abandonner leur projet.

Solution

Un volet essentiel de notre approche consiste à renforcer la confiance en soi des femmes, pour leur faciliter le premier pas vers l'entrepreneuriat. Car au-delà de l'accompagnement technique, un accompagnement moral pour pallier les difficultés d'un parcours entrepreneurial assez solitaire est nécessaire. Ce volet s'avère d'autant plus important pour des personnes qui se retrouvent dans des configurations sociales et économiques plus précaires (isolement géographique, situation de chômage ou d'inactivité, parcours de migration...).

Pour cela, nous déployons plusieurs solutions durant la période d'accompagnement: coaching individuel avec des professionnel·les, session "miroir" entre paires, ateliers collectifs inspirés de méthodologies d'intelligence collective, etc. Nous privilégions la création d'espaces d'écoute, prenons en compte les vécus des femmes dans leur dynamique entrepreneuriale et les aidons à identifier les potentiels freins qui limitent leur potentiel.

Les entrepreneur.es ont 70% de chances de plus de passer le cap des 5 ans en étant accompagné.es.

Nous favorisons la mise en place de programmes dans la durée, afin de permettre aux femmes de trouver les ressources au fur et à mesure, pour cheminer sur leur projet ainsi que sur elles-mêmes. Les participantes sont nombreuses à l'issue de leur accompagnement à nous partager le sentiment d'avoir dépassé leurs peurs ou croyances limitantes et d'être mieux entourées pour aborder la suite.

Programme Women Dare

Le programme Women Dare vise à accompagner les femmes en Île-de-France qui veulent se lancer dans l'entrepreneuriat. Il consiste en un parcours d'accompagnement conçu spécifiquement pour être flexible et complet, dont l'inscription est libre tout au long de l'année. "À la carte" et sur 12 mois, il permet à toutes de participer en tenant compte des contraintes personnelles ou familiales de chacune. Les bénéficiaires sont donc libres de construire leur parcours et leurs sessions de formation. La variété et la complémentarité des approches permettent un accompagnement à 360°. Pendant l'année, les femmes font un bootcamp d'immersion de deux jours, elles bénéficient d'un coaching individuel personnalisé et peuvent se réunir pour élaborer leur projet en groupe. La méthodologie met l'accent sur l'intelligence collective des différentes promotions et l'impact social des projets. Chaque année, 200 femmes sont accompagnées en Île-de-France, dont 30% résidentes de quartiers prioritaires.

Vi Grad a 39 ans, elle est maman de deux petits garçons. Après 15 années dans le conseil en achats, elle s'est lancée dans l'entrepreneuriat à impact après avoir suivi le programme Women Dare. Elle a créé Pommy, une marque de purées de fruits anti-gaspi, à base d'invendus. Basée à Melun, elle fabrique elle- même les purées de fruits !

+ 1 250

femmes directement soutenues
dans leur aventure entrepreneuriale

des femmes en activité ont
un emploi à la fin de l'accompagnement,
contre 38% au début

des participants de la première
année ont déclaré avoir vu leurs
revenus augmenter

Programme Girl Power

Avec Girl Power, Empow'Her développe un programme spécifiquement adressé aux jeunes filles vulnérables des quartiers défavorisés de Côte d'Ivoire. Agées de 15 à 24 ans, celles-ci ont des parcours de vie difficiles : souvent déscolarisées, sans emploi et parfois mères célibataires. Nous sommes aux côtés de ces 300 jeunes filles pendant deux ans et demi, sur des thématiques telles que le développement personnel, la gestion des émotions, l'estime de soi, la prise de parole en public, la définition de leurs objectifs professionnels, la résolution de problèmes et l'esprit communautaire. Sur ces sujets, nos méthodes d'accompagnement s'efforcent de s'adapter à leurs besoins. Nous avons par exemple développé des formations illustrées pour en faciliter la compréhension par les jeunes filles illettrées. En plus, un dispositif d'incubation de 6 mois accueille une centaine d'entre elles afin de les soutenir dans leur aventure entrepreneuriale. Parmi leurs projets, 25 bénéficient d'une aide financière de la part de nos partenaires, l'UNICEF et l'OSCN, l'organisme public ivoirien de service civique. Empow'Her contribue ainsi à leur réinsertion sociale et économique par l'entrepreneuriat.

Parfaite autodidacte, Massangbê est devenue un modèle dans sa communuaute. Agée de 19 ans, elle a ouvert sa boutique de vêtements et accessoires pour femmes.

"Avant j'étais très nerveuse, je faisais beaucoup palabre et je n'arrivais pas à parler devant les gens parce que je me disais qu'ils allaient se moquer de moi à cause de mon mauvais français. Aujourd'hui, je n'ai plus honte de parler devant quelqu'un, je gagne moi-même mon argent depuis que j'ai commencé mon activité et je m'occupe de mes petits frères."

Girl Power sur WhatsApp !

L'équipe pédagogique d'Empow'Her a pris l'initiative de convertir les modules de formation en versions audio et de les rendre accessibles aux jeunes filles via WhatsApp. Les musiques de fond, les voix et les images de couverture ont été spécifiquement sélectionnées en fonction de leur environnement local. Cette approche nous permet de nous adapter aux contraintes techniques (accès à internet), ainsi qu'aux défis liés à l'éducation (faible taux d'alphabétisation). Grâce à cette innovation, les participantes ont pu comprendre plus facilement les modules et faire leurs exercices.

Renforcer la capacité d'agir des femmes
les plus vulnérables

Problématique

Dans le monde, les femmes consacrent au moins deux fois et demie plus de temps que les hommes à travailler sans salaire, correspondant aux tâches domestiques qu'elles effectuent au quotidien.



De la préparation des repas au nettoyage, en passant par la collecte d'eau et du bois de chauffage ou par les soins apportés aux enfants et aux personnes âgées, ce travail est rarement reconnu comme tel et pourtant son poids est considérable.

Ces chiffres sont le fruit d'un contexte plus large. En milieu rural pauvre par exemple, la pratique du mariage d'enfant, précoce ou forcé, est encore très pratiquée. Chaque année, 15 millions de jeunes filles y sont soumises et celles- ci sont 5 fois plus touchées que les garçons. Cela entraîne leur déscolarisation, augmente les grossesses adolescentes et favorise leur exposition aux violences. Difficile dans ces conditions de s'extraire du rôle domestique où elles sont confinées. Plus difficile encore de mener un projet entrepreneurial serein et de gagner en autonomie. Cet ensemble de freins socio-culturels empêchent donc leur capacité d'agir. Travailler, être entrepreneure, avoir un revenu ne sont pas forcément synonymes d'autonomie.

Solution

Pour Empow'Her, ne pas prendre en compte ce contexte serait une erreur. Les freins socio-économiques que subissent les femmes rappellent la nécessité d'adopter une approche globale dans l'accompagnement des entrepreneures. Un enjeu clé pour cela est de sensibiliser les femmes et leurs communautés aux problématiques et aux discriminations liées au genre. Cela passe par le partage et la mise en lumière des expériences des femmes, la sensibilisation de groupes d'hommes ou l'élaboration de solutions pratiques pour soulager la charge de travail non rémunéré.

Empow'Her s'efforce de créer les conditions favorables qui leur permettent de se concentrer sur le développement de leur activité. C'est là un enjeu majeur : célébrer le «pouvoir des femmes ordinaires», pour reprendre les mots de la militante écoféministe Vandana Shiva, afin de se libérer de certaines contraintes sociales et permettre à ces femmes de réaliser pleinement leur potentiel. Ces apprentissages sont souvent vécus comme des moments de transformation personnelle pour les participantes. Elles découvrent de nouvelles ressources en elles, assoient leurs convictions et reprennent la main sur leur parcours.

Le programme Perenia au Niger

Depuis 3 ans, Empow'Her déploie le projet Perenia, un programme qui consiste à former des groupements de femmes à l'agriculture durable dans trois régions du Niger. Celles-ci sont en grande majorité des femmes de plus de 25 ans, sans éducation et souvent mariées. Si la plupart font du maraîchage ou une activité connexe (transformation maraîchère ou commerce), les deux tiers n'ont pourtant jamais eu accès à leur propre parcelle de terre. Les bénéficiaires sont donc à l'intersection de différentes problématiques d'autonomie et éloignées de l'entrepreneuriat. Le programme Perenia met ainsi l'accent sur le renforcement des capacités.

Il œuvre à transmettre des valeurs féministes et écologiques, en même temps qu'il fournit des outils opérationnels pour travailler la terre et créer une entreprise. Par ailleurs, le fonctionnement en groupement permet d'insister sur l'aspect collectif du développement individuel. De cette manière, Empow'Her favorise l'émergence d'un esprit d'équipe entre les femmes qui s'associent parfois au-delà du programme. Soudées, ces nouvelles communautés valorisent la solidarité, l'entraide et contribuent à l'autonomie de chacune.

1 925

femmes accompagnées vers une
agriculture durable

19

terrains agricoles ont été viabilisés
pour faciliter l'accès à la terre et à
l'eau

déclarent avoir amélioré leur
condition économique ou celle de leur entreprise

ont pris conscience des inégalités
de genre et du rôle joué par la sororité

37,6kg de semences ont été fournis aux bénéficiaires

À Niamey

6 groupements de production maraîchère et 4 groupements de transformation maraîchère de 25 femmes chacun ont créé un partenariat à la suite du programme PERENIA. Les transformatrices achètent et transforment le moringa, les choux et les oignons que les femmes maraîchères ont produit. De leur propre initiative, ce sont 250 femmes au total qui se sont associées et travaillent en synergie.

"Avant nous ne voyions pas l'utilité de posséder des registres afin de mieux structurer et contrôler nos différentes dépenses, mais maintenant, nous avons pris conscience de l'intérêt que cela apporte dans notre fonctionnement, surtout en termes de traçabilité. Cette formation sur la gestion financière d'un groupement et sur comment s'approprier les outils de pilotage vont beaucoup nous servir. C'est très important et c'est une chance pour nous d'avoir bénéficié de cet appui gratuitement.

Ramatou Harouna,
Présidente d'un groupement à Niamey

Women Dare Lisboa : l'entrepreneuriat, une voie pour les femmes réfugiées avec Pão a Pão et l'Escola de Turismo de Portugal


Les crises, en particulier lorsqu'elles sont variées et se succèdent, sont toujours synonymes de reculs en matière d'égalité de genre. Ces dernières années, la pandémie, la guerre en Ukraine et le dérèglement climatique ont contribué à accroître les inégalités de genre. Le Portugal a accueilli depuis le début de la guerre en Ukraine plus de 36 000 réfugié.es, dont deux tiers de femmes. Celles-ci font face à des obstacles spécifiques, concernant la langue, l'isolement ou les démarches administratives.
L'objectif de l'accompagnement que nous proposons, est de favoriser l'intégration des réfugiées ukrainiennes en renforçant leurs compétences, en leur fournissant une formation et en améliorant leur employabilité dans le domaine de la restauration.

Ce programme vise également à rendre accessible aux femmes des outils, des ressources et des opportunités de réseautage pour développer leurs projets. Un accompagnement est fourni pour développer leur confiance en soi et leur leadership et une formation entrepreneuriale est proposée, comprenant un soutien dans la phase d'idéation ainsi que dans la définition du modèle et de la stratégie de leur entreprise. Enfin, des formations techniques sont dispensées par une école spécialisée dans les métiers de la restauration afin que les femmes bénéficiant de ce programme aient la possibilité de choisir entre une carrière salariée ou entrepreneuriale à la fin du parcours.

Façonner
des réseaux d'entrepreneures

Problématique

Les stéréotypes sexistes sont encore nombreux dans le secteur de l'entrepreneuriat, les hommes y sont surreprésentés médiatiquement, l'imaginaire est celui de la compétition et de la performance à tout prix. Autant de freins qui empêchent les femmes de se projeter en tant qu'entrepreneures. Conséquence directe, aujourd'hui encore seulement 30% des entrepreneur es en France sont des femmes selon les chiffres de l'Insee, ce qui contribue, dans un cercle vicieux, à la sous-représentation des entrepreneures.

Pourtant, ces freins pourraient être levés, à condition que les entrepreneures puissent réellement avoir accès, s'appuyer et être soutenues par les réseaux et l'écosystème existant. Il faudrait pour cela qu'elles puissent s'y reconnaître et qu'elles y soient davantage représentées.

Il est par ailleurs primordial que les entrepreneures puissent façonner des espaces et des réseaux à leur image. Pour l'OCDE, les réseaux de femmes entrepreneures constituent d'importantes sources d'information sur les possibilités de se lancer avec succès dans la création d'entreprise et peuvent rehausser la confiance que les membres ont en elles-mêmes. Le choix d'un métier, d'autant plus celui d'entrepreneure, repose sur la capacité à se projeter.

Mais, tant qu'il n'y a pas de nouvelles réalités, de nouvelles valeurs, portées par des "role models" et diffusées le plus largement possible, elles auront toujours autant de difficulté à se projeter en tant qu'entrepreneure, et la situation ne changera pas.

Solution

Empow'Her croit au pouvoir du collectif. Pour nous, le partage, la sororité sont sources d'énergie et de pouvoir inépuisables qui font partie de modes d'action résolument féministes. Nous encourageons les femmes à rejoindre des communautés au sein desquelles elles peuvent partager leurs problématiques, leurs recommandations et tester leurs idées. Appartenir à une communauté de paires, c'est avoir la possibilité d'apprendre les unes des autres et gagner toutes ensemble en confiance et en puissance.

Nous encourageons et favorisons donc des expériences de rencontre et d'entraide pour que les entrepreneures d'aujourd'hui et de demain se sentent inspirées, épaulées, accompagnées et qu'elles aient la possibilité de façonner des espaces et réseaux à leur image. C'est pourquoi nous avons imaginé des espaces physiques et médiatiques où une autre image des entrepreneures et de l'entrepreneuriat est mise en valeur, et qui représentent autant de portes d'entrée pour toutes celles qui n'en trouvent pas. C'est aussi pour cela que nous soutenons des entrepreneures engagées qui promeuvent un entrepreneuriat à impact. Nous les connectons enfin aux bonnes ressources et aux bons acteurs pour qu'elles créent du lien, qu'elles aient accès à des soutiens qui seront clés pour leur développement. Mentor es, coachs, fonds d'investissement, structures d'accompagnement, réseaux d'entrepreneur-es, institutions... Tout le monde doit être impliqué, au niveau local comme au niveau international.

Des tiers-lieux pour
créer des expériences
de rencontres et d'entraides

Nous avons à cœur de créer des synergies entre les femmes qui portent des idées ou des projets pour changer le monde à leur échelle, et au-delà. Ces synergies s'opèrent lors de moments collectifs, où les femmes se rencontrent, échangent, créent et repensent ensemble le monde de demain. La notion de lieu et d'espace est clé dans cette stratégie de synergie, c'est pourquoi Empow'Her a ouvert les tiers-lieux Sist'Her pour accélérer l'accès des femmes à davantage d'opportunités. Nous y accueillons nos équipes, les femmes que nous accompagnons et des événements inspirants à destination de la communauté.

2

tiers-lieux Sist'Her dans
le monde : Abidjan et Paris

Sist'Her Paris, c'est :
225m²
d'espaces pour accueillir
les femmes de tous horizons,
23 événements
559 participant.es en 2023

Fédérer des entrepreneur·es
sociaux engagé·es contre les
violences de genre

en partenariat avec la fondation Kering

Depuis 2019, Empow'Her collabore avec la Fondation Kering et apporte son soutien aux entrepreneur es engagé es contre la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) et soutenu es par la Fondation Kering. Dans le cadre de cette collaboration, les lauréat es de la Fondation Kering bénéficient d'un accompagnement collectif visant à explorer les différentes stratégies de développement de leurs projets et entreprises à impact. L'objectif est d'élargir les modèles économiques durables et de proposer des solutions dans divers secteurs et pays, afin de maximiser leur impact. Cette alliance permet également le partage des meilleures pratiques, des conseils précieux et des ressources essentielles, qui contribuent en définitive à garantir la sécurité et le bien-être des survivantes.

14

entrepreneur·es à impact sont
accompagnées

Des festivals pour façonner
des espaces à l'image
des entrepreneures

Afin de permettre aux femmes qui font bouger les lignes d'être entendues, reconnues et soutenues, nous avons créé les festivals Empow'Her, des espaces physiques et médiatiques qui donnent la voix à toutes celles qui s'engagent au quotidien pour imaginer et construire ensemble un futur plus inclusif et durable, où une autre image des entrepreneures et de l'entrepreneuriat peut s'exprimer.

Faire de l'égalité une responsabilité
collective

Problématique

Éliminer toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et atteindre l'égalité entre les femmes et les hommes font partie des valeurs phares des Nations Unies. Pourtant, les chiffres les plus récents dépeignent une réalité beaucoup plus morose pour les femmes : selon Oxfam, près des deux tiers des adultes analphabètes dans le monde sont des femmes et 153 pays disposent encore de lois discriminatoires à leur égard sur le plan économique.

Ces inégalités de genre impactent négativement la vie des entrepreneures. L'environnement économique et social dans lequel elles évoluent est source de barrières, de discriminations et de violences: selon une de nos récentes études, la première difficulté rencontrée par les entrepreneures lors du lancement du projet est le manque de considération, et plus de 42,5% d'entre elles ont subi des violences dues à leur activité entrepreneuriale.

Ces barrières sont profondément ancrées dans nos sociétés. Elles proviennent d'institutions publiques comme privées qui sont censées promouvoir et garantir un accès égalitaire aux ressources et à l'entrepreneuriat, mais qui agissent encore avec la croyance que les femmes sont les seules actrices dans leurs démarches d'empowerment, sans prendre en compte les inégalités structurelles dont elles pâtissent.

La participation des femmes
au marché du travail en 2022
devrait rester inférieure
aux niveaux pré-pandémiques
dans 169 pays et régions.

Solution

Notre approche part du constat que l'inégalité d'accès aux ressources économiques et à l'entrepreneuriat s'inscrit dans un continuum de violences basées sur le genre (VBG). Qu'elles soient institutionnelles, économiques, physiques, psychologiques ou autres, ces violences peuvent limiter l'accès des femmes à de nombreuses opportunités. C'est dans ce contexte que Empow'Her a initié une réflexion sur une meilleure prise en compte des VBG dans le cadre de ses programmes d'accompagnement à l'entrepreneuriat.

Parce que le système patriarcal est justement systémique, sensibiliser et faire bouger l'ensemble des acteurs de cet écosystème est devenu une condition sine qua non pour s'assurer de la transformation du secteur dans son ensemble. C'est pour cela que nous nous engageons à travers nos programmes d'accompagnement à ne pas confiner femmes (et hommes) à certains secteurs ou métiers ou encore à ne pas imposer une culture entrepreneuriale dominante qui dissuade un grand nombre de femmes de se lancer dans l'aventure.

Nous menons ainsi plusieurs projets visant à changer le contexte dans lequel les entrepreneures évoluent. Nous effectuons un travail d'ingénierie pédagogique pour penser de nouvelles méthodes et contenus d'accompagnement, qui prennent en compte le genre et qui proposent de nouvelles modalités pour faire de l'entrepreneuriat. Nous accompagnons également des structures pour changer leurs postures et leurs regards en les formant sur l'édification de stratégies ou d'outils prenant en compte les biais et inégalités de genre structurelles. Nous sensibilisons les communautés pour faire évoluer les mentalités et les représentations des femmes dans l'écosystème pour développer une culture entrepreneuriale plus juste. L'égalité de genre est l'affaire de toutes et c'est collectivement que nous pourrons faire bouger les lignes.

Le projet FOWOSE

Le projet FOWOSE, mené en partenariat avec Pulse, vise à apporter une solution au manque d'inclusivité dans l'entrepreneuriat, et notamment l'entrepreneuriat social, en agissant directement sur les organisations qui soutiennent les femmes. En aidant ces structures à mieux prendre en compte leurs besoins et en formant celles et ceux qui les accompagnent au quotidien, Empow'Her construit un axe structurant pour le futur et multiplie son impact sur l'écosystème entrepreneurial. Ce sont in fine toutes les entrepreneures accompagnées par ces structures qui bénéficieront du travail réalisé.

Concrètement, Empow'Her intervient comme partenaire pédagogique et produit des outils, des contenus de formation et des parcours d'accompagnement pour permettre aux acteur-rices de l'écosystème de mieux prendre en compte les biais de genre dans leur fonctionnement et les besoins spécifiques que peuvent rencontrer les entrepreneures.

Trois axes sont particulièrement travaillés :

· la formation et l'outillage des formateur-ices au genre pour déconstruire leurs propres biais,

· les processus de sélection et le design du parcours d'accompagnement afin de contourner les biais de sélection et attirer davantage de femmes,

· l'animation au sein des communautés et l'inclusion des entrepreneures en leur sein.


Grâce à cet accompagnement, les trois partenaires que sont Women on Top (Grèce), Reach for Change (Bulgarie) et Synthesis (Chypre) seront sensibilisés aux problématiques de genre et dissémineront ensuite ces bonnes pratiques auprès des entrepreneures qu'ils forment et de leurs partenaires.

Développement d'une boîte à outils thématique pour Enabel

Ce projet s'inscrit dans notre volonté de changer la posture et le regard des institutions afin qu'elles intègrent dans leurs programmes une meilleure perspective sur l'empowerment économique des femmes.

Après une étape de diagnostics pour recenser les besoins prioritaires des structures d'accompagnement et avoir une meilleure compréhension des besoins spécifiques des femmes entrepreneures selon leur contexte, nous avons développé une boîte à outils sur mesure puis participé à sa prise en main par les équipes des différents bureaux d'Enabel.

Mettre en place des processus décisionnels inclusifs, concevoir une stratégie genre tout au long d'un programme, créer et animer une communauté d'entraide entre les femmes ou encore influencer positivement les acteurs de l'écosystème... Ce sont autant de problématiques sur lesquelles les équipes d'Enabel peuvent aujourd'hui trouver conseils et orientations.

A la croisée des chemins

2022 a marqué une accélération importante de nos activités, suscitant ainsi des interrogations cruciales concernant notre organisation, notre stratégie, nos partenaires et nos domaines d'intervention.

Quels enseignements pouvons-nous tirer de près de dix années d'expérience ? Comment maintenir une forte cohésion entre nos équipes en parallèle d'un essaimage géographique ? Comment poursuivre notre expansion tout en préservant notre impact ? Avec qui collaborer et dans quel but? Comment rester agiles et innovants dans nos divers domaines d'intervention ?

La quête d'un impact significatif est au cœur de toutes ces préoccupations, soulignant ainsi l'engagement profond de notre organisation. Empow'Her, dont l'ADN repose sur l'accompagnement des femmes entrepreneures, trouve son sens et ses méthodes d'action en engageant des actions qui peuvent concrètement changer la donne pour les femmes.

Chaque jour, nous ressentons le besoin de faire davantage et de faire mieux. Nous avons compris que tous les obstacles auxquels les femmes sont confrontées dans leur parcours entrepreneurial sont interconnectés. Nous avons aussi constaté qu'il s'agit d'un problème qui ne relève pas seulement de l'individu, mais aussi d'un système plus vaste. Ces questionnements ont suscité en nous une réflexion approfondie sur nos activités pour les années à venir et la transformation que nous souhaitons opérer.